Photographie

Photographiesde Guillo - Un atelier de la Grande Loge de Catalogne

Texte de Bridgesrainbow :

« Il est un endroit que j’aime
Au Japon, Fushimi Inari,
Mille torii s’y élèvent,
Comme de «  vivants piliers »,
Comme une «  forêt de symboles »,
Au flanc d’une montagne.

Il est un temple que j’aime,
La voûte y est étoilée,
Le pavé y est mosaïque,
Les trois piliers s’y dressent,
Leurs chapiteaux se perd dans les étoiles,
Leurs bases se noient dans un fleuve
aux nuances moirées de gris.

Il est un temple intérieur
Dont je rêve
Mais qui est encore dans l’ombre
Rien n’y est dessiné
Chaque pierre que j’y pose s’accorde à une autre
Mais la lumière ne l’éclaire pas encore.

Je sais qu’à l’Orient, se lève un sanctuaire aux mille torii
Je sais qu’à l’Occident, se tiennent trois piliers, Force, Sagesse et Beauté
Je sais qu’un jour, je saurai tailler ma pierre et manier les outils,
Je sais qu’entre les deux colonnes, je marcherai tout droit,
Je sais qu’un jour, mon temple intérieur pourra être harmonieux

Ce jour-là, et ce jour-là seulement,
Je le porterai dehors. »

Pierre Boillon - Vanité, orgueil, memento mori, memento vivere… Quand une œuvre est aussi conversante que cette photographie de Pierre Boillon, a-t-elle vraiment besoin d’un titre qui la cantonne à une seule interprétation, d’autant qu’ici, l’ambiance est à l’introspection.
Le mot ‘autopsie’, dans les mystères anciens, désignait simplement le regard sur soi-même…
Dans ce silence de plomb qui capitonne les murs noirs de la chambre obscure, quelle idée l’aspirant à la sagesse se fait-il de sa tombe?
Il est l’heure pour nous aussi de nous livrer en pâture à des pensées qui nous dissèquent l’âme. La chair ne quitte pas encore les os. L’ego résiste de toutes ses forces. Apparences, tout n’est qu’apparences… Nous les soignons si bien.
De combien de temps disposons-nous encore pour renaître, rectifier et poser des actes vertueux ?
Par ce sablier symboliquement posé sur quelques dernières volontés, Pierre Boillon fait peut-être allusion à la nécessité et l’urgence pour un artiste, d’accomplir une œuvre qui ne disparaîtra pas en même temps que lui. Magali Fadas